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16ème Siècle

A partir du 16ème siècle, on trouve des documents faisant état de la présence en France de chats "gris-bleu". Ces ascendants viendraient du "Moyen-orient".

"Il serait venu chez nous, après les croisades (Pour information : date de la huitième et dernière croisade : 1268/1285) à bord des navires assurant le commerce entre l'orient et les ports français. Son poil laineux est parfaitement adapté à un climat montagneux et surtout sa ressemblance avec le chat de Syrie décrit par Aldrovandi (savant italien) semble bien confirmer cette origine" écrit Jean Simonnet

ALDROVANDI (1522-1607) :

Dans son ouvrage "de quadrupedibus digitativis libri tres", Aldrovandi indique : "Parmi tant et un tel nombre de variétés de chats, le meilleur est celui qui est rayé avec une diversité de couleurs gris cendré pâle et foncé, qui est originaire de Syrie (A l'époque, la Syrie englobait aussi le Liban, Israël et la jordanie) dont il tire son nom. Comme il est né dans une région chaude (selon Cardan 1501/1576) son sang est plus tempéré (signifie : d'un tempérament calme), il se laisse facilement apprivoiser et est prompt à chasser. De plus, il a un museau arrondi, une poitrine musclée, de fortes pattes, il est vigilant et, par sa garde fidèle, il veille sur toute la maison..."

Ce dessin (Chat de Syrie) illustre une édition de l'ouvrage d'Aldrovandi se trouvant à la bibliothèque de Bologne (Italie).

"On remarquera la ressemblance avec notre Chartreux : un corps trapu, des joues développées, des yeux d'une étonnante couleur cuivre légèrement en amandes. Il a des rayures (plus foncées, sur la queue. Tous les éleveurs de Chartreux savent que bien souvent les petits Chartreux sont rayés et ne perdent ces marques qu'en grandissant). Une souris à ses côtés marque la caractéristique de chasseur de rongeurs qui a frappé Aldrovandi" (Ref : j. Simonnet)

DU BELLAY (1522-1560) :

Le poète Joachim du Bellay composa en 1558 une longue pièce de vers "Vers français sur la mort d'un petit chat" qu'il adresse à son ami Olivier de Magny. Du bellay, alors en Italie, se lamente de la mort de son petit chat "BELAUD".

"Maintenant, le vivre me fâche ;

Et afin, Magny, que tu saches

Pourquoi je suis tant éperdu,

Ce n'est pas pour avoir perdu

Mes anneaux, mon argent, ma bourse...

Et pourquoi est-ce doncques ?... Pour ce

Que j'ai perdu depuis trois jours

Mon bien, mon plaisir, mes amours.

Et quoi ? O souvenance grève

A peu que le coeur ne me crève

Quand j'en parle, ou quand j'en écris

C'est Belaud, mon petit chat gris,

Belaud, qui fut, par aventure

Le plus bel oeuvre que Nature

Fit onc en matière de chats

C'était Belaud la mort au rat,

Belaud, dont la beauté fut telle.

Qu'elle est digne d'être immortelle.

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Doncques Belaud, premièrement

Ne fut pas gris entièrement

Tel qu'en France on les voit naître,

Jean Simonnet souligne dans son livre dédié à la race  : "Ainsi donc en 1558, un français propriétaire d'un chat "gris argentin" taché de blanc sous le ventre était surpris de ne pas le voir d'un gris uniforme 'tel qu'en France on les voit naître', ce qui prouve que ces chats étaient bien connus en France."

Mais tel qu'à Rome on les voit être

Couvert de poil gris argentin,

Ras et poli comme satin,

Couché par onde sur l'échine

Et blanc deffout comme une ermine

Petit museau, petites dents

Yeux qui n'étaient point trop ardents ;

Mais desquels la prunelle perse

Imitait la couleur diverse

Qu'on le voit en cet arc pluvieux

Qui se courbe au travers des cieux.

La tête à la taille pareille,

Le col grasset ; courte l'oreille,

Et dessous un nez ébenin,

Un petit mufle léonin

Autour duquel était plantée

Une barbelette argentée

Armant d'un petit poil follet

Son musequin damoiselet

Jambe gresle, petite patte,

Plus qu'une mouffle délicate

Sinon à lors qu'il dégainoit

Cela dont il égratignoit

La gorge douillette et mignone,

La queue, longue à la guenonne,

Mouchetée diversement,

D'un naturel bigarrement ;

Le flanc haussé, le ventre large,

Bien retroussé dessous sa charge,

Et le dos moiennement long,

Vrai souriant s'il en fut onq'.

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Il avait cette honnêteté

De cacher dessous la cendre

Ce qu'il était contrait de rendre !

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Tel fut Belaud, la gente bête,

Qui des pieds jusques à la tête

De telle beauté fut pourvue

Que son pareil on n'a point vu.

 

Du Bellay qui semblait particulièrement aimer les chats "gris-bleu" est aussi l'auteur de "Sonnet à Ménine" (Regrets). Ménine semble bien être une chatte des chartreux.

Ménine aux yeux dorés, au poil doux, gris et fin,

La charmante Ménine, unique en son espèce.

Ménine, les amours d'une illustre Duchesse

Et donc plus d'un mortel enviait le destin.

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Ménine, qui jamais ne connut de Ménin,

Et qui fut de son temps des chattes de Lucrèce

Chatte pour tout le monde, et pour les chats tigresse :

Au milieu de ses jours en a trouvé la fin.

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Que lui sert, maintenant, que dédaigneuse et fière

Jamais d'aucun matou, sur aucune gouttière,

Elle n'ait écouté les amoureux regrets.

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La Parque étant ses droits sur tout ce qui respire

Et de ne rien aimer tout le fruit qu'on etire,

C'est une triste vie, et puis la mort après.

PIERRE BIARD :

Au cours du dernier quart du 16ème siècle, Pierre BIARD (dit le vieux) sculpteur à la cour du roi de France dessina un "Portrait de femme tenant un chat dans ses bras". Cette oeuvre qui appartenait à Philippe de Chennevières, fut acquise par l'état français en 1900 (Musée du Louvre, département des arts graphiques). C'est, à notre connaissance, la première représentation d'un chat "gris-bleu" de type Chartreux sur un tableau (voir ci-dessous)