17ème Siècle

"Des recherches remontant jusqu'au XVIIème siècle ont d'ailleurs montré qu'en Auvergne et dans certains quartiers de Paris vivaient alors quelques groupes de chats gris-bleus que les gens du peuple nourrissaient. Ces pauvres chats, victimes de la beauté de leur pelage bleu, connaissaient un sort peu enviable. Les pelletiers confectionnaient des robes de chambres et des parures avec la fourrure du Chartreux....mais le malheureux chat qui était en général bien dodu finissait à la casserole." (extrait du livre de J. Simonnet).

 La présence de colonies de chats gris-bleu dans les quartiers centraux de Paris se confirme.

Quelques chats "gris-bleu", mieux lotis que ceux évoqués par J. Simonnet, eurent le privilège de vivre auprès de dames de la bonne société parisienne. Deux d'entre-elles laissèrent des témoignages de leur attachement à leurs chats.

Mme Deshoulières (Antoinette du Ligier de la garde 1638/1694) :

Femme de lettres, auteur de nombreux écrits dans des domaines forts différents les uns des autres (odes, élégies, poésies religieuses).Elle tenait salon Rue de l'homme armé dans le quartier du Marais (correspond de nos jours à une portion de la rue des archives. La rue de l'homme armé était entre les rues Ste croix de la Bretonnière et des blancs manteaux. Au n°44 de l'actuelle rue des archives : emplacement de l'ancien cabaret de l'homme armé, trace de l'inscription de l'ancien nom de cette section de la rue. Ceci a son importance, comme nous le verrons par la suite.

Mme Deshoulières aimait les chats et n'hésitait pas à correspondre en vers sous l'identité de sa chatte Grisette. Elle alla même jusqu'à écrire une tragédie lyrique en 1688 "Les chats ou la mort de Cochon" relatant les amours impossibles de Grisette avec un chien prénommé "Cochon" (Chien du maréchal de Vivonne). Elle disait aussi, parlant de sa chatte : "Quand mon mari s'absente, Grisette me suffit !"

Mme De Lesdiguières :

Paule-françoise-Marguerite de Gondi devint duchesse de Lesdiguières par son mariage en 1676 avec le Maréchal et connétable de France le Duc de Lesdiguières. Elle habitait l'hôtel de Zamet-de Lesdiguières situé à proximité de la Bastille à Paris.

A la cour de Louis XV, les chats angora aux poils longs et soyeux étaient en vogue. Mme de Lesdiguières n'en avait cure. Elle n'avait d'yeux que pour Ménine sa chatte grise aux yeux dorés. Rien n'était trop beau pour cette chatte. Ainsi lorsqu'elle mourut à l'âge de 8 ans (1684), sa maîtresse commanda à un sculpteur de renom, un tombeau. Ménine y était représentée, sculptée dans du marbre noir, couchée sur un couffin de marbre blanc et fit composer son épitaphe par le secrétaire perpétuel de l'académie française, l'abbé Régnier-Desmarais :

"Cy gist une chatte jolie.

Sa maîtresse, qui n'aima rien,

L'aima jusques à la folie.

Pourquoi le dire? On le voit bien." 

De quoi faire taire les mauvaises langues !

Elle fit installer le mausolée dans les jardins de son hôtel particulier.

C'est dans "histoire des chats" (1727, page 89) que Paradis de Moncrif évoque le tombeau de Ménine avec, en illustration, une gravure de Coypel qui nous permet de nous rendre compte de l'aspect de la chatte.

Lors du percement du boulevard Henry IV (XIXème siècle), on retrouva le mausolée de Ménine dans les vestiges des jardins de l'hôtel particulier de Mme de Lesdiguières qui avait été démoli antérieurement à ces travaux.

Nul ne sait ce qu'il advint du mausolée.

Emplacement de l'hôtel Zamet-de Lesdiguières : Il se trouvait entre ce qui correspond actuellement au n°8 de la rue de la Cerisaie et le n°9 de la rue St-Antoine (ref : nomenclature des rues de Paris)

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